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Le blog de Loviso

Civilisation de l'Islam: Le developpement des sciences dans la civilisation islamique(Histoire de l'islam)

14 Juin 2010 , Rédigé par Loviso Publié dans #Histoire & Civilisations

scienceIslam

« Le monde entier est redevable à la science arabe de la transmission de la boussole, des chiffres « arabes » et du zéro,de l’invention des décimales et de l’algèbre.
Plus encore, l’Islam s’est approché de l’expérimentation scientifique moderne. Non seulement l’Empire musulman a su recueillir l’héritage hellénistique et lui donner un second souffle mais, jusqu’au XIVe siècle, il a été le théâtre d’une recherche scientifique intense et le développement des sciences exactes a connu un essor sans précédent. La science arabe est ainsi devenue la science internationale par excellence.On ne peut comprendre un certain type de développement de l’histoire des découvertes de l’esprit humain dans sa connaissance du monde moderne, si l’on en fait abstraction du passage important des sciences arabes au monde occidental. En effet, il n’est pas pensable de concevoir le développement des sciences exactes en Europe à partir du XVIIe siècle si l’on écarte l’histoire de la transmission des sciences arabes.
»
[1] 

  J'ai voulu débuter l'article par une citation tirée du livre "Le développement des sciences exactes dans la civilisation arabo-musulmane" réalisé par Mme Kheïra Megri(thèse de doctorat en Epistémologie et Histoire des sciences, Université Paris 7-Denis Diderot) , chercheur en Histoire des sciences exactes et auteur d’un ouvrage intitulé L’Optique de Kamâl al-Dîn al-Fârisî.Cette citation explique l'apport de la civilisation de l'Islam au niveau de la transmission de savoir et de son passage du sud au nord.

  Astronomie, médecine, mathématiques, géographie... autant de domaines dans lesquels la civilisation arabo musulmane apporta des contributions originales. Non seulement elle assimila des savoirs grec, indien, babylonien, persan, qu’elle sut transmettre au temps des grandes traductions, mais elle élabora aussi une science proprement arabe.

«Examiné à ce point de vue, l'islam peut être considéré comme une des plus importantes religions qui aient règne sur les âmes. Il n'enseigne sans doute à ses disciples que ce que la plupart d'entre elles enseignent également : la charité, la justice, la prière, etc., mais il l'enseigne avec une telle simplicité qu'il est compris par tous. Il sait de plus faire passer dans l'âme une foi si vive, que le doute ne vient jamais l'effleurer.
Son influence politique et civilisatrice fut véritablement immense. Avant Mohammad, l'Arabie se composait de provinces indépendantes et de tribus toujours en guerre ; un siècle après son apparition, l'empire des Arabes s'étendait de l'Inde à l'Espagne, et dans toutes les villes où flottait la bannière du prophète, la civilisation brillait d'un étonnant éclat. C'est qu'en effet l'islam est une des religions les plus compatibles avec les découvertes de la science, et une des plus aptes en même temps à adoucir les moeurs et à faire pratiquer la charité, la justice et la tolérance.
»[2] Gustave Le Bon (1884) La civilisation des Arabes.

La civilisation de l’Islam s’est emparée de toutes les branches du savoir intellectuel et technique. Elle a accompli des découvertes prodigieuses dans différents domaines de la science qu’il s’agisse de la mesure du temps (horlogeries variées) et du repérage dans l’espace (navigation et création de cartes géographiques) ou de la mise au point de dispositifs mécaniques et optiques. Il convient aussi de ne pas oublier la chimie qui s’applique à comprendre la composition et le comportement de la matière, ni bien sûr la médecine et l’architecture qui concernent la santé et le bien-être des hommes.(cf manuscrit montrant que les médecins musulmans se concentrèrent beaucoup sur la chirurgie et inventèrent plusieurs instruments chirurgicaux.).Sans titre-copie-1
L’histoire des sciences occidentales a longtemps occulté ce qu’elle devait à la science arabe et, désormais, celle-ci apparaît comme un chaînon indispensable dans l’histoire universelle des sciences. Les savants des pays d’Islam ont d’abord étudié et assimilé, puis prolongé d’apports nouveaux les disciplines pratiquées dans les civilisations antérieures (surtout grecque, mésopotamienne et indienne) en ayant recours à la science expérimentale et en défrichant des domaines et des techniques qui ne se constitueront que bien plus tard en Europe. Le Moyen ge de l’Occident est contemporain de l’âge d’or de la civilisation de l’Islam. Une langue commune, l’arabe, la prospérité de l’empire dont l’ampleur du territoire – de l’Espagne à l’Inde - a favorisé le commerce international, l’encouragement des califes et des princes, la liberté de pensée et la tolérance, sont autant de facteurs qui ont permis de faire progresser le patrimoine scientifique commun.

En effet, l'Islam a répandu et diffusé l'amour de la science et le savoir a cette époque(cf les textes sacrés et la science) .Il y avait sous l'ére Abassides les deux meilleures universités du monde l'une a Baghdad (Dar El mamoune ) et l'autre a Cordoue ( Andalousie) Ces deux lumiéres étaient la mecque des occidentaux .

  «L'islam,écrivent Louis Massignon et Roger Arnaldez,a joué un role trés important dans l'épanouissement scientifique du Haut Moyen Âge.Les Arabes ont fait mieux que transmettre la science :ils en ont éveillé le gout et ils ont commencé à confronter les concepts grecs avec l'expérience ils ont mené une immense activité d'observations critiques où l'on peut voir à juste titre,un prodigieux éveil de la raison scientifique(1).  » Ibn Khaldûn, un islam des Lumières?  Par Claude Horrut.p.166 Edition complexe.

  Sous les Abbassides, la cohabitation intellectuelle entre les arabes et les gens du Livre s'est élargie. L'un des traducteurs qui a eu du succès est Ibn Al Mokaffae qui a traduit du persan "la logique d'Aristote", Kalila Wa Dimna" dont l'origine est hindoue et d'autres Livres d'histoire écrits en persan. Les chrétiens syriaques avaient traduit du grec des ouvrages de science et de philosophie. Leurs arabisants ont connu une grande activité en traduisant en arabe ces trésors grecs. Les ouvrages qu'ils ont traduits à l'époque d'Al Mansour l'Abbassi de (136-158) de l'hégire sont : Majesté de Batlimis sur l'astronomie, des ouvrages d'Aristote(L'organon est le titre sous lequel sont rangées des oeuvres logiques d'Aristote) sur "la logique", l'ouvrage d'Euclide sur la géométrie, les ouvrages d'Hippocrate et "Jalinus" sur la médecine. Les arabisants perses ont traduits les ouvrages qu'ils avaient sur l'astronomie et l'astrologie. Les arabisants hindous ont traduit un ouvrage sur l'astronomie très connu en Inde intitulé "Assind-Hinde".

  «L’Empire musulman réunissait au milieu du VIIe siècle les centres intellectuels les plus importants de cette époque. De cette propagation fulgurante de l’Islam va naître une organisation des institutions, qui devait être à la mesure d’une extension territoriale sans précédent,mais aussi le respect d’une grande diversité de peuples et d’hommes de science.»[1] 

Cette cohabitation intellectuelle entre les gens du Livre et les Musulmans va s'activer davantage sous le règne de Haroun Arrachid et des ministres les Barmakides. Ce calife a créé une institution appelée Dar Al Hikma" qui va s'occuper de la traduction des sciences à l'étranger. Il a été aidé dans cette entreprise par les syriaques qui maîtrisaient bien la langue arabe. Le calife a nommé à la tête de cet établissement Jean Ibn Massouih qui était médecin "nestorianiste" et avait mis à sa disposition de bons traducteurs. Il leur avait procuré des ouvrages grecs sur la médecine, d'Ankara, d'Ammoriah et de Byzance et les avait chargés de les traduire. Ibn Massouih était auteur de plusieurs ouvrages de médecine et de fabrication de médicaments. Derrière cette institution d'Ar-rachid, il y avait beaucoup de traducteurs, tel Gabriel Ibn Bakhitchoue, le plus grand médecin du calife, qui a écrit beaucoup d'ouvrages en médecine.
Ainsi, les gens du Livre avaient traduit et écrit de nombreux ouvrages dans des domaines scientifiques variés. Les ministres barmakides de Haroun Ar-rachid ont oeuvré pour traduire les ouvrages de sciences du latin, du grec, du persan et de l'hindou en arabe. Yahia Ibn Khalil Al Barmaki avait demandé au patriarche d'Alexandrie de traduire pour les habitants de Bagdad un ouvrage célèbre sur l'agronomie des romains, celui de Magon, l'agronome phénicien célèbre, ouvrage universel sur l'agronomie et l'arboriculture, traduit en latin par les romains. Les barmakides, perses d'origines, se sont intéressés à la traduction du patrimoine perses. A leur époque des ouvrages perses de valeur ont été traduits en arabe: "Bozorjmhr" et l'époque de Ardchirine Babek à son fils Sabor- l'ouvrage Jauidane Khirad sur la littérature l'ouvrage Hazar Afsateh qui est l'origine des milles et une nuit.
Comme les Barmakides se sont intéressés à la traduction en arabe du patrimoine perse, ils se sont intéressés aussi à la traduction du patrimoine hindou Al Jahidh dit : "Yahia Ibn Khalid Al Barmaki a attiré des médecins hindous comme Mankah, Bazaiker, qui ont travaillé au grand Bimarstane à Bagdad. Ils sont vite devenus des arabisants et ont participé avec d'autres arabisants hindous à la traduction du patrimoine hindou, en particulier en médecine, en fabrication de produits pharmaceutiques. La traduction a concerné aussi l'histoire de Sindibad et de nombreuses légendes et histoires passionnantes.
Cette vague de cohabitation entre les gens du Livre et les musulmans a atteint ses objectifs à l'époque d'Al Mamoun Ibn Arrachid qui a transformé l'institution Dar Al Hikma en une sorte d'établissement scientifique supérieur et lui a annexé un observatoire d'astronomie très connu.

  «Lorsque l’on parle de la « science arabe », on évoque en réalité l’entreprise scientifique que mena à bien l’Islam médiéval. Pour la première fois, la science devenaient « internationale » sur une large échelle. Et une langue unique – l’arabe – la véhiculait. Une foule de savants, d’origines et de croyances différentes, collaboraient pour rendre dans la même langue ce qui existait jusqu’alors en grec, en syriaque, en persan ou en sanskrit. Ainsi, dans le développement des connaissances scientifiques, la science islamique aconstitué une étape importante. »[1]

  L'un de ceux qui commencèrent à avoir de la renommée en oeuvrant pour une cohabitation intellectuelle entre les syriaques chrétiens et les musulmans à l'époque d'Al Mamoun fut Honaine Ibn Ishak. Il était très précis dans ses traductions, ce qui lui a valu l'équivalent d'or du poids de l'ouvrage qu'il avait traduit comme récompense par Al Mamoun. Pour avoir été impressionné par la qualité de la traduction du grec en arabe, le calife Al Moutaouakil lui a offert trois maisons entièrement meublées, dotées d'accessoires, de matériels nécessaires et de livres, lui assigna des terres et lui fournit un salaire mensuel de 15000 dirhams. Honaine était un chrétien nestorianiste qui est allé à Byzance où il a bien appris le grec. Il maîtrisait également le Syriaque, l'arabe et le persan.
Le calife al Moutaouakil a mis à sa disposition de bons traducteurs qui travaillaient sous son contrôle. Il était passionné de la traduction du grec. Son fils Ishak et son neveu Hobaich étaient ses traducteurs les plus connus, Ishak s'intéressait à la traduction d'ouvrages de philosophe. Il a traduit beaucoup d'ouvrages d'Aristote. Hobaich, tout comme son oncle s'intéressait à la traduction d'ouvrages sur la médecine. l'un de leurs condisciples, Lahnin Stephane est le premier à avoir donné aux musulmans l'ouvrage de Dioscoride sur la botanique et l'ouvrage d'Oribase sur les les médicaments.
A côté de cette grande école de traduction de la pensée grecque, il y avait beaucoup d'autres traducteurs parmi lesquels Tabit Ibn Korra qui a traduit l'ouvrage les origines d'Euclide et Kosta Ben Loka le Baalabekois qui se chargea de traduire les ouvrages des philosophes grecs. Le dernier des grands traducteurs du grecs à la langue arabe est Metta Ibn Younes, d'origine grecque, très célèbre pour sa traduction en arabe de toutes les oeuvres d'Aristote sur la logique et d'autres domaines.
A travers cette cohabitation intellectuelle, les gens du Livre, syriaques ou non , ont témoigné aux musulmans non seulement leur sympathie et leur amitié, mais ils leur ont apporté aussi les sciences et la philosophie grecques qui furent un trésor, avec beaucoup de loyauté et de sincérité, sans la moindre dissimulation et sans intention de duperie. Ils ont voulu ainsi témoigner leur amitié aux musulmans en faisant leur travail avec beaucoup de précision aussi bien au niveau de la copie ou de la traduction qu'au niveau des concepts et de l'apprentissage. Ceci a duré 3 siècles et plus au cours desquels ils ont apporté leur soutien à ce travail de traduction et d'apprentissage aux musulmans et ils ont consolidé et renforcé leur amitié et leur cohabitation intellectuelle avec eux.

  «La science islamique fut, dans une large mesure, la continuation d’une tradition grecque déjà déclinante : Bagdad fut l’héritière d’une école alexandrine venue jusqu’à elle par Apamée, Antioche, Harrân et Damas, qui faisaient à l’époque partie de l’Empire ’abbâcide, car celui-ci recouvrait en partie l’ancien Empire byzantin (Syrie, Egypte et l’Irak actuel). »[1]

Les centres de recherches scientifiques

«L’Empire musulman réunissait au milieu du VIIe siècle les centres intellectuels les plus importants de cette époque. De cette propagation fulgurante de l’Islam va naître une organisation des institutions, qui devait être à la mesure d’une extension territoriale sans précédent, mais aussi le respect d’une grande diversité de peuples et d’hommes
de science.
»
[1]

«Les historiens ont souligné à bon droit la nouveauté des recherches scientifiques entreprises à Bagdad, même si elles sont tributaires du savoir grec. Tous ces savants ont travaillé en relation les uns avec les autres, une réelle collaboration scientifiques existait entre eux. Les ouvrages biographiques anciens, tels que le Fihrist d’al-Nadîm écrit en 945, relèvent de nombreuses listes de correspondances scientifiques entre tous ces savants, dans lesquelles ils discutaient de problèmes particuliers ; il y a eu dans ces centres un véritable milieu de recherche scientifique au sens moderne du terme.»[1]

Critique du système planétaire ptoléméen par Ibn al-Haytham

«Dès le IXe siècle, il devient nécessaire pour les astronomes arabes d’adopter une attitude critique à l’égard des textes scientifiques grecs : prendre ces textes comme base de travail pour élaborer de nouvelles théories. Les recherches astronomiques arabes dépassent de loin l’astronomie hellénistique, et les hypothèses neuves commencent à faire école. Une opposition au système de Ptolémée s’ouvre au XIe siècle, avec une attaque de la théorie planétaire de Ptolémée par Ibn al- Haytham, le mathématicien originaire d’Iraq qui vivait au Caire sous le calife fâtimide al-Hâkim (mort en 412/1021). Ibn al-Haytham souscrivait à l’explication ptoléméenne des mouvements apparents des planètes par les épicycles et les différents excentriques sur lesquels les premiers effectuaient leurs rotations. Néanmoins, il soutenait que l’hypothèse ptoléméenne de l’équant, selon laquelle le centre de l’épicycle semblait se déplacer uniformément à partir d’un point autre que le centre du déférent ou le centre du monde, était incompatible avec le principe accepté de la vitesse uniforme des astres. Ibn al-Haytham rejette ce système dans son ouvrage intitulé al-Shukuk ‘ala Batlamiyû (Doutes sur Ptolémée) et le remplace par un nouveau système. Ses critiques, ainsi que celles d’at-Tûsî, d’al-Urdi (mort en 1266), d’al-Shirâzî (mort en 1311), d’Ibn al-Châtir (mort en 1275) et de leurs collaborateurs de Marâghâ, témoignent de la profonde influence qu’exercèrent les hypothèses des planètes de Ptolémée sur les astronomes arabes. Pour Ptolémée, le mouvement apparent des planètes résultait des mouvements combinés d’enveloppes sphériques matérielles dans lesquelles s’enchâssaientles planètes. Or, c’était l’idéequ’un corps physique – la sphère déférente associée à une planète donnée – puisse effectuer sa rotation à une vitesse variable, qu’Ibn al-Haytham et ses collaborateurs estimaient inacceptable. Se refusant à abandonner la conception « physique », les astronomes de Marâghâ entreprirent d’élaborer des modèles qui, tout en étant mathématiquement équivalents à ceux de Ptolémée, répondent également à la nature du ciel. Seuls les modèles de ce type pourraient éventuellement être corrects. Tant comme causes que comme conséquences, les observations ne jouèrent qu’un rôle mineur dans ces développements. En Espagne, ce sont les philosophes maîtrisant solidement l’astronomie qui vont suivre l’exemple d’Ibn al-Haytham au XIe siècle.»[1]

Mathématiques

matharabe

«L'étude des mathématiques fut très répandue chez les Arabes. Ils cultivèrent surtout l'algèbre, et on leur a même attribué l'invention de cette science ; mais ses principes étaient déjà connus depuis longtemps. Les progrès qu'ils lui firent subir la transformèrent d'ailleurs entièrement. C'est à eux, également que sont dues les premières applications de l'algèbre à la géométrie. Le goût de l'algèbre était si répandu que, sous le règne d'El Mamoun, au commencement du neuvième siècle de notre ère, ce prince chargea un mathématicien de sa cour, Mahommed ben Musa, de composer un traité d'algèbre populaire. Ce fut dans la traduction de cet ouvrage que les Européens puisèrent plus tard leurs premières notions de cette science. L'impossibilité d'exposer les travaux mathématiques des Arabes, sans entrer dans des détails trop techniques, m'oblige à mentionner seulement les plus importants. Telles sont l'introduction des tangentes dans les calculs trigonométriques, la substitution des sinus aux cordes, l'application de l'algèbre à la géométrie, la résolution des équations cubiques, l'étude approfondie des sections coniques. Ils transformèrent entièrement la trigonométrie sphérique, en ramenant la résolution des triangles à un certain nombre de théorèmes fondamentaux qui lui servent encore de base. L'introduction des tangentes dans la trigonométrie fut d'une importance considérable.« Cette heureuse révolution dans la science, dit M. Chasles, dans son Aperçu historique des méthodes en géométrie, qui en bannissait les expressions composées et incommodes contenant le sinus et le cosinus de l'inconnue, ne s'est opérée que cinq cents ans plus tard chez les modernes ; on en fait honneur à Regiomontanus ; et près d'un siècle après lui, Copernic ne la connaissait pas encore. »[2]

«de l’arithmétique, al-Kâchî donnait un manuel complet, rédigé de façon claire et selon un plan bien conçu, à l’usage des marchands, des employés et des inspecteurs comme à celui des astronomes. Un de ses apports les plus notables était son étude exhaustive et systématique des fractions décimales, dont était apparue une esquisse dans l’Islam dès le Xe siècle avec l’oeuvre du mathématicien damascène al-Uqlîdisî.
La nouvelle découverte d’al-Kâchî précédait de quelque deux cent ans les développements similaires en Europe. On note déjà un emploi occasionnel des fractions décimales dans un document byzantin parvenu à Vienne en 970/1562. La Clé de l’arithmétique d’al-Kâchî connut une large diffusion dans le monde islamique et, dès le XVe siècle, son influence avait atteint Constantinople[...] Le monde arabe avait hérité, de sources distinctes, trois systèmes différents de calcul numérique qui coexistèrent pendant de nombreux siècles. Le premier était appelé « comput digital » et les opérations se faisaient en tenant les doigts dans certaine position. Le titre d’un manuel qu’Abû l-Wafâ‘al-Busdjânî lui consacra à Bagdad (vers 370/980), indique que les utilisateurs étaient les fonctionnaires. Le système continua d’ailleurs d’être employé bien qu’il existât au moins depuis le VIIIe siècle un type très supérieur de calcul emprunté à l’Inde.
»
[1] 

Physique

Les principaux ouvrages de physique des Arabes sont perdus, et nous n'avons guère que les titres des plus importants, tels, par exemple, que celui de Hassan-ben-Haithem sur la vision directe, réfléchie et rompue, et sur les miroirs ardents. Nous pouvons juger cependant de l'importance de leurs travaux par le petit nombre de ceux parvenus jusqu'à nous. Un des plus remarquables est le traité d'optique d'Alhazen, qui fut traduit en latin et en italien, et servit beaucoup à Képler pour son ouvrage sur l'optique. Il contient des chapitres fort savants sur le foyer des miroirs, le lieu apparent des images dans les miroirs, la réfraction, la grandeur apparente des objets, etc. On y trouve notamment la solution géométrique du problème suivant, qui dépendrait en analyse d'une équation du 4e degré : « Trouver le point de réflexion sur un miroir sphérique, le lieu de l'objet et celui de l’oeil étant donnés. » M. Chasles, juge fort compétent, considère cet ouvrage « comme ayant été l'origine de nos connaissances en optique. »[2]

  Chimie

  «La chimie des Arabes fut mélangée d'alchimie, comme leur astronomie fut mélangéed'astrologie, mais ce mélange de science positive et de rêverie ne les empêcha pas de réaliser des découvertes importantes.
Les connaissances de chimie que leur léguèrent les Grecs étaient bien plus faibles. Les corps les plus importants, tels que l'alcool, l'acide sulfurique, l'acide nitrique, l'eau régale, etc., complètement inconnus de ces derniers, furent bientôt découverts par les Arabes. Ils découvrirent aussi les opérations les plus fondamentales de la chimie, telles que la distillation. Quand on écrit dans certains livres que la chimie a été créée par Lavoisier, on oublie trop qu'aucune science, et la chimie moins encore qu'une autre, n'a jamais été créée de toutes pièces, et que les Arabes, il y a un millier d'années, possédaient des laboratoires d'où sortirent des découvertes sans lesquelles celles de Lavoisier eussent été impossibles.
Le plus ancien, et en même temps le plus connu des chimistes arabes, fut Geber. Il vivait vers la fin du huitième siècle. Le nombre d'ouvrages qu'il publia fut considérable ; mais plusieurs de ses compatriotes ayant porté le même nom, Il est difficile de savoir ce qui doit lui être attribué. Plusieurs de ses livres ont été traduits en latin. Un des plus remarquables, « la Somme de perfection » fut traduite en français en 1672 ; ce qui prouve combien son autorité se prolongea longtemps en Europe.

Les travaux de Geber forment une sorte d'encyclopédie scientifique, et il faut considérer ce qu'elle contient comme le résumé de la science chimique des Arabes de son époque. On y trouve la description de plusieurs composés, dont il n'avait jamais été fait mention avant lui. Quelques-uns, tels que l'acide nitrique et l'eau régale, sont d'une importance capitale en chimie, puisque, à vrai dire, il n'y aurait pas de chimie possible sans eux.
Geber parait avoir connu également les propriétés de certains gaz. « Lorsque les gaz, dit-il, se fixent sur les corps, ils perdent leur forme et leur nature ; ils ne sont plus ce qu'ils étaient. Lorsqu'on opère la séparation, voici ce qui arrive : ou les gaz s'échapperont seuls, et les corps où ils étaient fixés restent, ou les gaz et les corps s'échapperont tous les deux à la fois[...]C'est également aux Arabes qu'est due la découverte d'autres corps d'un usage journalier dans la chimie et l'industrie, tels que l'acide sulfurique et l'alcool. Ils sont décrits pour la première fois dans l'ouvrage de Rhazès, qui mourut en 940. L'acide sulfurique s'obtenait par la distillation du sulfate de fer, et l'alcool par la distillation de matières féculentes ou sucrées fermentées.
»
[2]  

L’ISLAM ET LA MEDECINE

La médecine islamique, profondément humaniste, prenait en considération tous les aspects de la vie et de la souffrance du patient, conformément à la vision islamique du monde. Elle accordait une attention fort scrupuleuse aux symptômes du patient et à son cadre de vie, aux questions de climat, d'environnement, d'hygiène de vie (y compris l'hygiène sexuelle), de diététique et de régime alimentaire. Les plus hautes sommités médicales ne dédaignaient pas d'écrire des livres de cuisine. La médecine arabo-islamique a été à la pointe du progrès de cette discipline durant de nombreux siècles. Le décalage chronologique entre les découvertes desmédecins arabo-musulmans et les (re)découvertes occidentales est considérable. Il n'est pas rare qu'il atteigne cinq à huit siècles !
Le chirurgien andalou Aboul Qâsim (mort en 1013) poursuivit des recherches, sept cents ans avant Percival Pott (1714-1788), sur la tuberculose des vertèbres, connue actuellement sous le nom de mal de Pott. L'ophtalmologue Aboul-Qasim Ammâr ben Ali al-Maousils réussissait à Baghdad, en l'an 1000, à guérir une cataracte par succion avec une aiguille creuse. L'opération ne sera réussie en Occident qu'en 1846 par Blanchet. Ibn an-Nafîs (1210-1288) découvrit la petite circulation du sang trois cents ans avant Michel Servet (1509-1553) et quatre cents ans avant William FIarvey (1578-1657). L'anesthésie était utilisée dans les opérations chirurgicales.medecine
On se servait de la mandragore et du haschisch. On l'administrait en infusion ou en imbibant des éponges qu'on introduisait dans la bouche ou dans les narines du patient. Le sommeil était provoqué par imprégnation directe de la muqueuse à travers laquelle les alcaloïdes passaient directement dans le sang. Les Arabes avaient aussi une connaissance empirique de l'effet antibiotique de certaines substances. Ils prélevaient des moisissures de pénicilline et d'aspergille sur les harnachements de leurs ânes et de leurs buffles et en faisaient une pommade qu'ils appliquaient sur la plaie infectée. Et pour soigner une laryngite rebelle, ils soufflaient dans la gorge du malade de la poussière verdâtre de pain moisi. On doit aux Arabes la conception moderne de l'hôpital non seulement comme lieu de soins, mais aussi comme centre d'enseignement et de recherches cliniques. C'est Sinân benThâbît (Xe siècle) qui organisa le premier les hôpitaux en terre d'islam, ainsi que les professions médicales et paramédicales. Sinân imposa que les étudiants en médecine suivent un enseignement à la fois théorique et pratique, passent un examen final et prêtent le serment d'Hippocrate, avant d'exercer sous le contrôle de l'Etat...

Sciences médicales

«Le plus célèbre de tous les médecins arabes fut Avicenne. Son influence a été si considérable pendant plusieurs siècles, qu'on l'a nommé le prince de la médecine. Né en 980, il mourut en 1037. Après avoir débuté par la profession de percepteur des contributions, il arriva à la position de vizir. Bien que mort assez jeune, ruiné par les excès de travail et de plaisir, ses oeuvres sont considérables. Son principal ouvrage de médecine, intitulé Canon ou règle, comprend la physiologie, l'hygiène, la pathologie, la thérapeutique et la matière médicale. Les maladies y sont beaucoup mieux décrites qu'elles ne l'avaient été avant lui. Traduites dans la plupart des langues du monde, les oeuvres d'Avicenne ont été pendant six cents ans le code universel de la médecine ; elles ont servi de base aux études médicales dans toutes les universités de France ou d'Italie. On les a réimprimées jusqu'au dix-huitième siècle[2] 

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«Le plus célèbre des chirurgiens arabes est Albucasis de Cordoue, mort en 1107. Il imagina beaucoup d'instruments de chirurgie, dont le dessin figure dans ses oeuvres, et décrivit notamment la lithotritie, considérée à tort comme une invention toute moderne.Albucasis ne fut connu en Europe qu'au quinzième siècle ; mais son influence devint alors immense. Le grand physiologiste Haller fait remarquer que « ses oeuvres furent la source commune où puisèrent tous les chirurgiens postérieurs au quatorzième siècle. »
La partie du grand ouvrage d'Albucasis consacrée à la chirurgie est divisée en trois livres : le premier comprend l'usage du cautère actuel, le second, les opérations qu'on fait avec le couteau, la chirurgie dentaire et oculaire, les hernies, les accouchements et l'extraction de la pierre ; le troisième est consacré aux fractures et luxations. La classification est faible, mais les renseignements pratiques très précis. L'oeuvre chirurgicale d'Albucasis fut d'abord imprimée en latin en 1497.
[2] 

«Bien que moins célèbre que le précédent, Aven-Zohar, de Séville, qui vivait au douzième siècle, jouit encore cependant d'une grande réputation. Expérimentateur et réformateur, il simplifia l'ancienne thérapeutique et montra que la nature, considérée comme une force intérieure réglant l'organisme, suffit généralement à elle seule pour guérir les maladies. En dépit des préjugés, il réunit l'étude de la chirurgie, de la médecine et de la pharmacie. Sa chirurgie contient des indications très précises sur les luxations et les fractures.[2]

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Hygiène des Arabes

Gustave Le Bon a écrit au 19 eme siecle dans son livre La civilisation des Arabes : 

«L'importance de l'hygiène n'a pas été méconnue par les Arabes. Ils savaient très bien qu'elle nous enseigne les moyens de nous préserver de maladies que la médecine ne sait pas guérir. Dès les temps les plus reculés leurs habitudes hygiéniques étaient excellentes. Les prescriptions contenues dans le Coran : fréquence des ablutions, défense du vin, préférence à accorder au régime végétal sur le régime animal dans les pays chauds sont très sages. Il n'y a rien à critiquer dans les recommandations hygiéniques qu'on attribue au prophète.[...]Les hôpitaux arabes paraissent avoir été construits dans des conditions hygiéniques fort supérieures à celles de nos établissements modernes. Ils étaient très vastes, et l'air et l'eau y circulaient avec abondance. Rhazès, chargé de choisir le quartier le plus sain de Bagdad pour y construire un hôpital, employa le moyen suivant, que ne désavoueraient pas les partisans des théories modernes sur les microbes. Il suspendit des morceaux de viande dans les divers quartiers de la capitale, et déclara que le meilleur était celui où la chair avait pris le plus de temps pour entrer en putréfaction.
Leurs hôpitaux étaient, comme de nos jours en Europe, des asiles pour les malades et des lieux d'enseignement pour les étudiants. Ces derniers étudiaient, en effet, au lit des malades beaucoup plus que dans les livres. Sur ce point fondamental, les universités européennes du moyen âge les imitèrent bien rarement. Il y avait des hôpitaux spéciaux pour certaines catégories de malades, notamment pour les aliénés. Il y avait même, comme chez nous, des bureaux de bienfaisance où les malades pouvaient recevoir des consultations gratuites à certains jours. Dans les localités trop peu importantes pour avoir un hôpital, on envoyait, de temps en temps, des médecins, munis de médicaments.
[2]

 

Progrès réalisés dans les sciences médicales par les Arabes

«Les plus importants des progrès réalisés par les Arabes en médecine portent sur la chirurgie, la description des maladies, la matière médicale et la pharmacie. Ils ont imaginé une foule de méthodes dont quelques-unes, l'emploi de l'eau froide dans la fièvre thyphoïde par exemple, reparaissent dans les temps modernes après un oubli de plusieurs siècles.medecine arabe
La matière médicale leur doit de nombreux médicaments, tels que la casse, le séné, la rhubarbe, le tamarin, la noix vomique, le kermès, le camphre, l'alcool, etc. Ils furent les véritables créateurs de la pharmacie. La plupart des préparations encore en usage aujourd'hui : sirops, loochs, emplâtres, pommades, onguents, eaux distillées, etc., leur sont dues. Ils ont même imaginé des procédés d'administration des remèdes qui, après avoir été oubliés pendant longtemps, ont été présentés comme de nouvelles découvertes. Tel est, entre autres, le moyen d'administrer les médicaments en les faisant d'abord absorber par les plantes, comme le fit Avenzoar, qui guérissait la constipation en donnant à manger les fruits d'une vigne arrosée avec une substance purgative.
La chirurgie doit également aux Arabes des progrès fondamentaux. Leurs oeuvres ont servi de base à l'enseignement des facultés de médecine jusqu'à une époque toute récente. Au onzième siècle de notre ère, ils connaissaient le traitement de la cataracte par abaissement ou extraction du cristallin, la lithotritie, clairement décrite par Albucasis, le traitement des hémorragies par les irrigations d'eau froide, l'emploi des caustiques, des sétons, de la cautérisation par le feu, etc. L'anesthésie, dont la découverte capitale passe pour récente, ne paraît pas leur avoir été inconnue. Ils recommandent, en effet, avant les opérations douloureuses, l'emploi de l'ivraie pour endormir le malade « jusqu'à perte de connaissance et de sentiment. »
[2]

Déclin et ralentissement[3]

Au fil du temps, toutefois, à l’intérieur et à l’extérieur de l’empire musulman, des événements vont commencer à perturber, directement ou indirectement, toutes ces activités scientifiques, provoquant leur ralentissement puis leur déclin. Ce sont d’abord les Croisades, qui ont commencé à la fin du XIè siècle et qui feront perdre à l’empire musulman le monopole du commerce international en Méditerranée. Quand les Croisades s’achèvent, un autre phénomène surgit, plus violent encore : les invasions mongoles, des XIIIè-XIXè siècles, la première vague étant dirigée par Gengis Khan. Ses armées, puis celles de Tamerlan, vont progressivement contrôler un immense territoire, depuis la Chine jusqu’à Damas (Syrie), laissant toutefois de côté le Maghreb et l’Espagne.
Malgré les dégâts causés, ces diverses attaques n’ont pas stoppé net les activités scientifiques de monde arabo musulman. La dynamique des sciences n’est en effet pas la même que celle des actions militaires et politiques. En dépit des défaites, donc, l’astronomie et les mathématiques, principalement, continuent quelque temps à se développer, sauf en Andalus (le nom de l’Espagne donné par les Arabes) que les rois castillans vont peu à peu reconquérir. Il n’empêche que depuis le nord de l’Afrique, où les sciences rayonnent encore, les ouvrages scientifiques se diffusent vers le sud, au-delà du Sahara. A l’époque, des villes comme Tombouctou ( Mali) avaient en effet un système d’enseignement très performant et une tradition scientifique qui s’exprimait en arabe.
Et ce n’est finalement qu’aux XVIè et XVIIè siècles, donc plus de dix siècles après son avènement, que les recherches et les travaux des scientifiques connaissent un véritable déclin dans le centre de l’empire après leur disparition totale des foyers scientifiques en Espagne. totalement les foyers scientifiques en Espagne – dont les derniers musulmans sont chassés en 1492. Seul l’Iran parviendra à cette époque à maintenir une vie intellectuelle et le développement des savoirs philosophique et astronomique.

Si l’on raisonne à l’échelle internationale et universelle, qui est celle de la science, on peut se contenter de déplorer l’essoufflement de cette grande civilisation arabo-musulmane qui a dominé le monde du VIIIè au XVè siècle en puisant, à l’origine, dans les savoirs d’autres civilisations éteintes. Car une nouvelle civilisation déjà la relaie : celle de l’Europe qui s’apprête à s’éveiller et à vivre la Renaissance.
Une Europe dans laquelle les scientifiques exprimaient un grand respect pour la science grecque et arabe, dont ils se nourrirent à leur tour.[3] 

Article en rapport :Civilisation de l'Islam,ses gloires et son apport

 

Notes & réfèrences

 

(1)Cité in Joseph Burlot,La Civilisation islamique,Paris,Hachette,1990,p.106.

 

  • [1]Le développement des sciences exactes dans la civilisation arabo-musulmane.KHEIRA MEGRI,FUSION N°91 - MAI - JUIN 2002
  • [2] Gustave Le Bon (1884) La civilisation des Arabes.Ouvrage illustré de 10 photolithographies, 4 cartes et 366 gravures dont 70 grandes planches, d'après les photographies de l'auteur ou d'après les documents les plus authentiques. Le Sycomore 102 Bd. Beaumarchais 75011 Paris
  • [3]Les sciences arabes : Un âge d’or qui rayonne encore SEANCE DU 17 MARS 2008 Avec Ahmed Djebbar, mathématicien et historien des sciences. AU LYCEE RIVE GAUCHE (TOULOUSE) Ahmed Djebbar est Professeur d’histoire des mathématiques à l'Université des Sciences et des Technologies de Lille. Il est, entre autres, l'auteur de "L’âge d’or des sciences arabes » (Editions le Pommier) et de « Le grand livre des sciences et inventions arabes » (Bayard jeunesse).
  • L'AGE D'OR DES SCIENCES ARABES 

  • L’UNIVERSALITE DE L’ISLAM Par Dr Shawqi DAYF Traduction Ahmed DHIMENE

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